Guide de voyage: Redécouvrir l'Arménie, la région de Lori
Rediscovering Armenia Guidebook |
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Intro
Armenia - Yerevan, Aragatsotn, Ararat, Armavir, Gegharkunik, Kotayk, Lori, Shirak, Syunik, Tavush, Vayots Dzor Artsakh (Karabakh) - (Stepanakert, Askeran, Hadrut, Martakert, Martuni, Shushi, Shahumyan, Kashatagh) Worldwide - Nakhichevan, Western Armenia, Cilicia, Georgia, Jerusalem, Maps, Index |
La région de Lori
translation by Nico
Située à la frontière nord du pays, la région de Lori couvre la plus grande superficie des onze régions d’Arménie. Bordée de tous côtés par des montagnes abruptes et entrecoupée de gorges pures, Lori est une région extrêmement belle, dotée d’une population nombreuse, excepté dans les vallée des rivières Pambak, Debed et Dzoraget.
Mis à part des tombeaux richement décorés, l’Histoire ancienne de la région est peu documentée, cependant, ses monuments datant du Moyen Age proposent une fusion intéressante, géorgienne et arménienne, la géorgienne dominant le champ politique et l’arménienne la culture.
Pomme de discorde entre le Roi (aux yeux des Perses un vassal de Vali) de Géorgie et le Khan d’Erevan durant le 18ième siècle, la région a intégré l’Empire russe en septembre 1801, faisant partie de l’annexion de la Géorgie. Jusqu’en 1918 la zone de Lori située au nord du Col de Pushkin était considérée comme une partie de la région de Borchalu de Tbilisi Gubernia, province de la Géorgie malgré sa population métissée comprenant des Arméniens, des Russes, des Grecs, des Géorgiens et des Azéris.
Pendant la brève mais intense guerre qui eut lieu autour du jour de l’an 1919, que ni les Géorgiens ni les Arméniens n'ont approuvé, les troupes arméniennes, sous la direction de leur célèbre leader Dro, sont remontées vers le nord en amont de la rivière Debed le long du chemin de fer, et prenant la ville de Sadakhlo et montant plus loin encore. Les représentants militaires anglais à Batumi sont intervenus pour imposer un cessez-le-feu et le retrait des troupes et la frontière actuelle entre la Géorgie et l’Arménie en a découlé.
L’histoire la plus récente de Lori remonte au terrible tremblement de terre du 7 décembre 1988, dont l’épicentre fut le village de Chirakamut, situé à l’est de la région de Lori : le désastre (spécialement à Gyumri) a détruit totalement ou en partie les villes de Spitak, Vanadzor (Kirovakan) et Stepanavan, et a laissé des balafres qu’il faudra des générations pour effacer.
On trouve dans la région de Lori les deux monastères Haghpat et Kober qui font partie des plus attachants de toute l’Arménie ainsi que d’autres monuments médiévaux importants : la forteresse de Lori-Berd, dans son environnement impressionnant, le jardin botanique de Gyulagarak et beaucoup de paysages étonnants. Bien que ce ne soit pas une destination de villégiature majeure, l’importance de la région de Lori, en tant que corridor routier entre l’Arménie et la Géorgie a contribué à l’implantation grandissante de petits hôtels et de restaurants le long de la route principale vers le nord.
Spitak et l’Est
(Section 1 ; carte I)
En approchant de Spitak par le sud depuis Aparan via le col de Pambak (2153 mètres), vous dépassez sur votre droite Saramej (83 habitants, appelée Chotur jusqu’en 1946, église datant de 1906), puis Jrachen (1119 habitants, Vordnav jusqu’en 1940, église du 19ième siècle) à gauche, et ensuite à l’ouest on trouve Lernavan (1109 habitants, Racharan jusqu’en 1946). On trouve des ruines de Kharabak, deux kilomètres à l’ouest et une église du 19ième siècle dans ce dernier village.
Dans les environs de Spitak (388 habitants, Hamamlu jusqu’en 1949) on peut voir beaucoup de maisons aux architectures différentes construites par des organisations d’aide internationales afin de loger les milliers de sans domiciles après le tremblement de terre de décembre 1988. Sur la colline, où la majorité des victimes du tremblement de terre sont enterrées, souvent avec une représentation gravée de la personne sur la pierre tombale, une petite église a été construite en mémoire des 4000 victimes estimées à Spitak.
Il y a une église neuve au bord de la route et un hôtel presque convenable accessible en tournant à gauche après le nouveau centre culturel et avant de descendre vers les rails du chemin de fer.
De Spitak une route au sud mène par la montagne jusqu’à Lernantsk (870 habitants appelée Spitak jusqu’en 1950, avec au sud l’église Saint Minas datant de 1910), d’où une route abîmée monte au col de Spitak à 2378 mètres d'altitude.
Au nord de Spitak se trouve Arevashogh (241 habitants, Zigdamal jusqu’en 1978, église du 19ième siècle, à côté de ruines d’une forteresse). La carte marque une route mauvaise continuant au nord d’Arevashogh, sur 33 kilomètres vers Urasar et Stepanavan, mais les locaux sont très sceptiques concernant l’existence de ce chemin.
A l’est sur la route principale vers Vanadzor, en suivant la rivière Pambak et le chemin de fer, vous passez les embranchements pour Karadzor (4757 habitants, fondée en 1836), Ghursal (639 habitants) avec les ruines de l’église Saint Gevorg du 7ième siècle, Nor Khachakap (438 habitants, anciennement Saral) et Lernapat (438 habitants Hajigara jusqu’en 1946, ensuite Makarachen jusqu’en 1959), située dans une belle vallée montagneuse. Elle protège une basilique abîmée de 1868 et une forteresse datant de l’Age de Fer sur la colline avoisinante. La route décrit une fourchette et en dessous à droite continue vers Halavar (0 habitant) occupée un temps par des Azeris, mais aujourd’hui refuge pour une petite communauté de réfugiés d’Azerbaïdjan, au nord, sur la route principale, Arjut (2453 habitants) possède les ruines d’une mosquée ; Darpas (1162 habitants).
Au nord vers Stepanavan
(Section 2 ; Carte I, J)
Juste avant d’entrer dans Vanadzor, près d'un groupe d'immeuble, une route bifurque à gauche, suivant un panneau, vers le nord et Stepanavan. Après avoir dépassé une base militaire vous atteignez le village de Bazum (226 habitants, Bezovdal jusqu’en 1978), avec les ruines de la forteresse de Berdatagh sur la colline 1,5 kilomètres au nord-est.
A l’ouest on trouve Aznvadzor (587 habitants, Khanughaz, jusqu’en 1940, puis Gyuzeldera, azérie jusqu’en 1988). Puis, après avoir traversé un tunnel sombre et long (qui évite le col dangereux de Pushkin à 2037 mètres), vous émergez dans une partie de l’Arménie incorporée au temps de l’empire russe au district géorgien de Borchalu. Il y a des échoppes vendant des khorovats excellents le long de la route qui serpente dans une forêt magnifique. Ensuite Gargar (1096 habitants, anciennement Gerger Hay “ Gerger Arménien”) abrite les ruines d’une église et le temple Saint Amenaprkich.
A l’ouest on trouve Pushkino (207 habitants Gerger Rus jusqu’en 1937, un village russe) la route principale passe par Gyulagarak (voir plus loin) et Amrakits (127 habitants, anciennement Kirov) avec une petite église russe du 19ième siècle, et une motel du côté de Stepanavan (20$/ nuit, eau chaude). Juste après le motel, regardez en direction des gorges pour voir les ruines de Lori-Berd.
La ville, et ancienne capitale régionale, de Stepanavan (1287 habitants, Jalalarlu jusqu’en 1923) est située sur un superbe plateau verdoyant à côté de gorges fascinantes qui surplombent la rivière Dzoraget. Il y a deux pensionnats situés au sud-ouest de la ville en bordure de forêt, Vahagn et Anahit, qui acceptent des visiteurs pour la nuit (pas d’eau chaude, mais bon marché).
A peu près 150 mètres au sud-ouest du principal rond-point (avec une grande statue du renommé Stefan Shahumian, célèbre martyr révolutionnaire de Baku qui a donné son nom à la ville) vous trouverez un centre culturel moderne en tuf orange clair, contenant le musée de Shahumian. Les ruines de l’église datant du 5-6ième siècle ont disparu, mais il reste une basilique restaurée et encore utilisée datant du 11ième siècle, vers l’est, sur la route Stepanavan-Tashir à peu près 500 mètres au sud du rond-point.
En tournant à droite derrière le centre culturel, une route inégale mène vers l’ouest (3km) à un temple pittoresque également site dédié aux pique-niques, avec une belle vue sur la ville. La route conduit ensuite aux villages de Armenis et Urasar (0 habitant anciennement Kuybichev, renommée en hommage au Mont Urasar 2992 mètres). La route continue jusqu’à Katnaghbyur (526 habitants Ghotughbular jusqu’en 1935), qui possède une source d’eau froide considérée comme un lieu sacré depuis l’Antiquité.
Le long de la rivière Gargar – Hnevank
(Section 3 ; Carte J)
Si on tourne vers l'est, dans le village de Gyulagarak (210 habitants), la route passe à côté des ruines d'une église datant de 1874. Peu après, la route principale tourne vers l'ouest, alors qu'une route en mauvais état sur la droite conduit au sud à travers les collines vers les ruines d'une église du 6ième siècle, Tormak, puis un restaurant à kholovats, la route finit ensuite au sanatorium et aux portes du Dendropark =45= (40 56.17n x 044 28.85e). Ce splendide jardin botanique, couvrant 35 hectares, fut créé en 1931 pour collecter, étudier et adapter aux conditions arméniennes des arbres utiles et d'autres plantes. Conservé dans un excellent état par son directeur, le fils du fondateur (enterré sur le site), Dendropark est un sanctuaire tranquille et magnifique, comme nulle part ailleurs en Arménie.
En continuant vers l'est à partir de Gyularak, en parallèle à la rivière Gargar on trouve Hobardzi (287 habitants) qui posséderait une église en ruine avec une seule nef. En direction de l'est, jusqu'à Vardablur (363 habitants), une route boueuse conduit au nord à travers les champs vers les gorges impressionnantes de la rivières Dzoraget et aux ruines du 6-7ième siècle de l'église Jgrashen.
En entrant dans Kurtan (107 habitants) depuis l'ouest, vous apercevez les ruines d'une petite église à une nef. La route principale tourne ensuite à droite pour traverser la rivière. Si vous continuez tout droit dans le village vous verrez un certain nombre de bâtiments officiels et ensuite sur la gauche, après un terrain de jeux scolaire et une fontaine, vous atteindrez le musée ethnographique, ouvert de 11h à 17h. Un peu plus loin vous découvrirez la basilique à une nef Astvatsatsin, présentée comme étant du 5ième siècle. De retour sur la route principale un virage à droite conduit sur une route abîmée à Antaramut (309 habitants, Kolageran jusqu'en 1948), avec les ruines d'une église et les trous laissés par l'Etude Géologique US de 1998 (projet américano-arménien d'exploration pour trouver du charbon). La route goudronnée descend ensuite depuis Kurtan à l'est, le long de la gorge en direction de la rivière Debed.
A 6,3 kilomètres de l'intersection avec Kurtan, après une série d'épingles à cheveux, vous atteignez une source et un coin pique-nique, duquel une piste raide descend vers Hnevank* =75= (40 57.17n x 044 35.18e), situé sur un fantastique plateau, proche de la jonction entre les rivières Debed et Dzoraget. Ce splendide monastère, décoré de pierres finement ciselées, avait été initialement construit au 7ième siècle, mais totalement reconstruit par le Prince Smbat, de la famille Orbeli alors géorgienne, puis plus tard arménienne, ancêtres des Princes arméniens de Syunik, en 1144, comme l'attestent les inscriptions en géorgien. Il y a également un réfectoire, datant de 1186-1206, ainsi que d'autres bâtiments impressionnants sortis de l'herbe courte.
Il s'agirait du monastère présenté par les historiens et les scribes du 13ième siècle comme celui de Pghndzahank ("La mine de cuivre"), vraisemblablement à cause des mines environnantes, même si certaines sources pensent que le Pghndzahank/Phghndzavank concerne le monastère d'Akhtala.
D'après Kirakos Gandzaketsi, Atabek Ivane Zakarian prit ce monastère à l'église arménienne pour en faire un monastère géorgien-chalcédonien. Les dépouilles de Ivane et de son fils Avag furent amener à cet endroit pour y être enterrées. Stepanos Orbelian rapporte comment une précieuse relique de la "Croix Véritable", possédée par Atabek Ivane et cachée à Pghndzahank, fut rachetée pour 1000 dahkans en or par Libarit Orbelian et ramenée ensuite à Noravank après qu'elle ait miraculeusement permis la soumission de la forteresse de Charek (actuellement en Azerbaïdjan).
La traduction littérale de Hnevank en géorgien signifie la "Vraie Croix", peut-être en référence à cette histoire. Le prêtre et scribe du 13ième siècle, Simeon, dont deux de ses manuscrits arrivèrent jusqu'à nous, copia dans le scriptorium de Pghndzahank une oeuvre de Gregory de Nyssa et traduit de l'arménien au géorgien un traité de théologie du néoplatoniste Proclus. Ses colophons confirment que Pghndzhank était un monastère géorgien près de Lori (en fait situé seulement à quelques kilomètres à l'ouest).
A peu près 1,5 kilomètres après Hnevank, une route détériorée coupant par le monastère, traverse la rivière sur un pont moderne et continue à travers une route sinueuse vers le haut et Arevatsag (1122 habitants, Nerkin Uzunlar jusqu'en 1978). Juste avant de quitter la gorge la route passe entre deux collines de chaque côté de la gorge, chacune possédant une petite forteresse/monastère. La route de droite à l'embranchement d'Arevatsag conduit à Tsater (928 habitants) qui possède une église.
Le long de la rivière Dzoraget - Lori Berd
(Section 4 ; Carte J)
Traversez le pont au-dessus de la bien nommée Dzoraget ("La rivière au fond de la gorge") à Stepanavan et tournez à droite au rond-point, continuez la route pendant 1,5 kilomètres jusqu'à un groupe de bâtiments ayant servi d'abris "temporaires" pour les victimes du tremblement de terre. Les champs de chaque côté de la route sont parsemés de grandes chambres funéraires* (10x2x3 mètres) datant de l'Age de Bronze construites avec des rochers massifs. Dans certaines d'entre elles des riches objets funéraires en bronze et des harnachements de chevaux furent découverts.
Continuez jusqu'au village de Lori Berd (408 habitants). De là une route tourne sur la droite, aboutissant sur le spectaculaire Lori Berd =40= (41 00.17n x 044 25.85e). Il s'agissait de la capitale de David Anhogin (989-1049) dans le royaume de Tashir-Dzoraget, et c'était le centre féodal de la famille Kurikian. La place a été prise par les seigneurs Orbelian de Géorgie au début du 12ième siècle et fut ensuite sous l'autorité des frères Zakarian, Ivane et Zakare. Quand les Mongols arrivèrent, Lori Berd était la place forte de Shahnshah, le fils de Zakare. Kirakos Gandzaketsi décrit ainsi la chute de la forteresse (traduction R. Bedrosian) :
Chaghatai, le commandant de tous les détachements de païens (Mongols), avait entendu parlé de la forteresse de Lorhe et surtout de l'abondance des trésors qu'elle recelait, il s'agissait de la demeure du Prince Shahnshah. (Chaghatai) prit avec lui une sélection d'armes et des machines de guerre pour tenir un siège et ainsi préparé il se rendit et s'installa autour de (Lorhe) pour assièger la ville. Le Prince Shahnshah prit sa femme et ses enfants, descendit secrètement dans la vallée et les mit en sécurité dans une grotte. Il donna le commandement de la ville à son beau-père mais, à cause de son caractère faible, celui-ci passa son temps à boire et à manger, croyant plus en la résistance des murs de la ville qu'en Dieu. L'ennemi arriva. Il creusèrent profondément au pied des murs et les détruisirent, ils prirent ensuite position afin que personne ne s'échappe. Quand les habitants de la ville virent que (les Mongols) avaient pris la ville, ils commencèrent à se bousculer dans la peur et à se précipiter dans la vallée. Quand l'ennemi vit cette réaction ils commencèrent à rentrer dans la ville et, sans discernement, ils tuèrent les hommes, les femmes et les enfants pour prendre leurs biens comme butin. Ils découvrirent les trésors du prince Shahnshah qu'il avait extorqués et dérobés à ses vassaux. (Il s'était) bâti une solide fortune que personne ne pouvait voir, l'entrée de la cachette était assez accessible pour y déposer des trésors mais rien nous pouvait en sortir. Il tuèrent le beau-père de Shahnshah et menèrent plusieurs missions dans le district volant en effrayant et par traîtrise.
Surplombant à l'est, au sud et à l'ouest les gorges profondes de Dzoraget et de la rivière Urut la partie nord du promontoire est protégée par un mur de pierres massif avec plusieurs tours. Préservées à l'intérieur de la forteresse, on trouve deux salles de bains, celle du coin ouest possède un complexe réseau de tuyauteries dans la maçonnerie du mur.
Un bâtiment au toit rectangulaire abrite plusieurs pierres tombales médiévales il dégage un style chrétien par les deux khachkhars qui se trouvent à l'entrée, il ne possède pas d'abside mais au contraire, une niche peu profonde sur le mur sud en direction de La Mecque, souvenir de l'occupation musulmane de la forteresse jusqu'au 18ième siècle.
On dit que Lori Berd aurait été habitée sous l'occupation russe également, mais peu de traces attestent de cette histoire récente. On peut atteindre un pont médiéval, enjambant la rivière Urut, par un chemin raide et sinueux pavé de roches, partant depuis l'entrée, mais il ne reste par contre qu'un pilier d'un deuxième pont sur la rivière Dzoraget.
En retournant à travers Lori Berd, un croisement conduit au nord-est vers Lejan (1722 habitants), et son église du 19ième siècle bâtie sur les fondations d'une autre datant du 5ième siècle. Lejan a accueilli en 1907 la troisième conférence des Bolcheviks de Borchalu. Agarak (344 habitants) est un ancien village avec les ruines d'une église du 5-6ième siècle, Saint Astvatsatsin, une église du 17-18ième siècle et une fontaine du 10-11ième siècle.
Près de Yaghdan (1996 habitants) on trouve un pont médiéval et une église Kamir Khach ("Croix Rouge") datant du 13-14ième siècle. Au nord dans les gorges se trouve Hovnanadzor (421 habitants, Tazagyugh jusqu'en 1950, fondée en 1867), contenant un cimetière médiéval dans la gorge et abritant le tombeau du Prince Tute (1241). Koghes (107 habitants) possèderait une église du 13ième siècle. Karmir ("Rouge") Aghege (513 habitants) conserve les traces d'un ancien fort et de l'église Aghek. Sur les flancs de la montagne Shekaghbyur, Mghart (167 habitants) possède un lieu saint du 14ième siècle. Le village et ses productions appartenaient au monastère d'Odzoun au 18ième siècle. Après Mghart la route rejoint une autre route, anciennement goudronnée et actuellement dans un état déplorable en direction nord-sud entre Odzun et Arevatsagh (une petite église dans le village) à l'ouest du village, sur une petite colline sur le côté gauche du Dzoraget on trouve les ruines d'un poste de garde médiéval, et des tombes datant de l'Age de Bronze tardif, début de l'Age de Fer.
Au nord de Stepanavan
(Section 5 ; Carte J)
Au nord de Stepanavan une route tourne nord-est à travers Bovadzor (702 habitants, anciennement Maksim Gorki), Urut (363 habitants) et Sverdlov (1306 habitants, Haydarbek jusqu'en 1940, renommée du nom du leader bolchevik). Ce dernier village possède une église Saint Gevorg ou Grigor. La route mène à Privolnoye (3100 habitants), puis à Kuchapi Vank** =90= (41 11.99n x 044 33.84e) datant du 13ième siècle et croise ensuite "Le col des loups" qui mène à la Géorgie par Aghkyrpi.
Kuchapi Vank est situé dans une forêt profonde au pied du mont Lalvar. Il y avait un village près du temple, portant le même nom. La massive église principale (13ième siècle) est localisée sur la partie sud du complexe, elle est admirablement préservée. Depuis la pièce à droite de l'autel il y a un passage qui vous conduira à un escalier escarpé dans le mur qui vous mènera jusqu'au toit de l'église. L'église possédait des nefs voûtées de trois mètres de haut dans les parties nord et sud, dans lesquelles on ne trouve plus que des murs à moitié détruits. Le vestibule prenait tout l'espace côté ouest dont il ne reste que quelques traces. Pas loin de là, un peu en dessous, on trouve les restes de murs en pierres à moitié coupés, souvenir de tours. Vingt-cinq mètres au nord de l'église principale on trouve les restes du hall de la nef centrale voûtée. Une autre petite allée ayant contenu une nef se trouvait pas loin de cette dernière et est considérée comme la plus ancienne partie du complexe.
La route principale suit la rivière Tashir vers le nord, traversant Saratovka (969 habitants, mélange de Russes et d'Arméniens), tourne à gauche vers Novosetsovo (1856 habitants) possédant une école russe et des marécages.
L'ancienne capitale régionale de Tashir (380 habitants) a été fondée en 1844 et appelée Vorontsovka, d'après le nom du chancelier russe, puis renommée Kalinino en 1935 d'après le nom du bureaucrate Mikhail I. Kalinin, qui atteint le poste de président du Présidium du Soviet Suprême entre 1938 et 1946. L'usine de fromage de Tashir produisait 33% du fromage suisse de l'URSS.
Si on tourne vers l'est dans Tashir une route conduit à Medovka (594 habitants, un vieux fort pas loin) et Lernahovit (1528 habitants, Gharakikisa jusqu'en 1978), possédant une église du 12-13ième siècle.
Si on tourne vers l'ouest dans Tashir, une mauvaise route conduit aux villages de Blagodarnoye (1408 habitants, ancienne colonie russe connue sous le nom de Kirilovka), Meghvahovit (496 habitants, anciennement Karaisa), Noramut (Gharaghala jusqu'en 1991), avec des tombes, un vieux pont, des grottes et les ruines d'un fort médiéval, Katnarat, au sud de Blagodarnoye (392 habitants, fondée en 1923 comme Sovkhoze spécialisé dans l'élevage de chevaux). La route monte ensuite dans les montagnes jusqu'à un plateau désert (fermé en hiver) couvert d'herbe et sillonné par les aigles, qui redescend finalement dans la région de Shirak.
De retour sur la route principale, vous traversez Mikhaylovka (295 habitants, originellement Imirhasan, population principalement russe) et Dzoramut (1753 habitants, originellement Evli) jusqu'à atteindre la frontière géorgienne. La route de droite au croisement conduit à Petrovka (220 habitants, fondée en 1920) et Norashen (343 habitants, initialement Bogdanovka), qui se glorifie d'un musée.
Cinq kilomètres au sud se trouve un fort datant de 6-5ième siècle avant J.C., dont les fouilles sur le site ont permis de découvrir des armes et des figurines. Après Norashen, dans les collines au sud de la frontière se trouvent Apaven (832 habitants, initialement Sarkar), Artsni (54 habitants, initialement Kizildash) et Sarchapet (1193 habitants), avec les ruines d'une église et d'un fort non loin. Sur le Mont Lok au nord on trouve un lieu de pèlerinage du 18ième siècle.
Au nord-ouest depuis Tashir ou a l’ouest, depuis Dzoramout, les routes mènent à Metsavan (101 habitants, originellement Ghoshakuilisa, "La double église", puis Shahnazar, jusqu’en 1978) avec une églises du 5-6ième siècle et une église du 10ième siècle. Pas loin on trouve les ruines d'un fort et un lieu saint : une Tevavor Khach (qui signifie "La croix, aux bras libres"). A l’ouest du village se trouvent des mines d'agate rouge, l’atelier d’Acheulian (production en plein air).
A l’ouest se trouvent Dzyunashogh (354 habitants, jusque récemment appelée Kizilshafak) et Paghaghbyur (369 habitants, auparavant nommée Sovukbulagh, "Le printemps froid"). Au sud de Dzyunashogou ou à l’ouest de Tashir se trouve Dashtadem (2502 habitants, anciennement le village azéri Ilmazlu).
Vanadzor et vers l’est
(Section 6 ; Carte I)
Vanadzor (93823 habitants, jusqu’en 1935 Gharakilisa ou Sev Ekeretsi, "L’église noire", jusqu’en 1992 Kirovakan, d'après le nom du spécialiste du Caucase Bolchevik Sergey Kirov/Kostrikov, assassiné 1934, enterré dans le Mur du Kremlin).
Vanadzor est la capitale de la région de Lori, la troisième ville de l’Arménie située dans une vallée autrefois magnifique et maintenant défigurée par les restes des usines chimiques. Les usines, privatisées en 1999, produisaient un large éventail de matériaux chimiques, ainsi que des cristaux industriels artificiels.
En 1998, les travailleurs de l’usine utilisaient les boîtes de culture de cristaux, (qui se brûlaient par le gaz) pour cuire les pommes de terre.
En 1988, à cause du tremblement de terre, Vanadzor a perdu 564 habitants, mais a conservé la majeure partie de ses avenues. Sur la place principale il y a un bon hôtel, avec de l'eau par intermittence et d'autres bonnes surprises, mais on trouve également d'autres hôtels récents très confortables et avec des chambres propres.
L’histoire de Vanadzor remonte à l'Age de Bronze, il y a des mausolées intéressants, et d'autres découvertes, qui se trouvent théoriquement dans le musée de la ville.
La ville a probablement reçu ce nom au 13ième siècle, à cause d'une église faite de pierres noires, qui se trouve sur une colline proche.
Hassan Xan démolit entièrement la ville en 1826, pendant la guerre russo-perse. La ville a refleuri en 1899 avec l'ouverture de la ligne de chemin de fer vers Tbilissi.
En mai 1918, le général Nazarbekian avec ses troupes en surnombre attaqua l’armée turque et la repoussa quelques jours plus tard jusqu'à la bataille cruciale de Sardarapat. Sur la partie nord de la route Spitak-Vanadzor, à 2 kilomètres à l’ouest de la ville on trouve une lieu de recueillement, dans les ruines d'une église, lieu planifié pour un monument en l'honneur de cette bataille.
A l’est de Vanadzor, sur la route de Dilidjan, on passe dans la banlieue Shahumyan (2023 habitants), on tourne au sud vers Antarashen, puis le village russe de Lermontovo (992 habitants, Voskrésénovka jusqu’en 1941), Margahovit (367 habitants, Hamzashiman jusqu’en 1978 avec des antiquités datant du troisième millénaire avant J.C. à Sarisop), et le village de Fioletovo (841 habitants) fondé à la fin des années 1820 par des adeptes du Schisme russe, exilés de la région de Tombov. Le village fut renommé en 1936 en l’honneur d’Ivan T. Fioletov, ancien activiste socialiste, assassiné en 1918 avec les autres Commissaires de Baku.
Depuis Margahovit une mauvaise route réservée aux 4X4 mène au sud par les montagnes à la ville de Mersadzor et ses mines d'or, dans la vallée de la rivière Marmarik. Un tunnel impressionnant et sous-utilisé de 11 kilomètres de long (?) coupe la même montagne.
Au nord de Vanadzor, le long de la rivière Debed - Dsegh, Kober
(Section 7 ; Carte I, J)
En prenant la route principale vers Alaverdi (plus facilement accessible en restant sur la rive nord de la rivière Pambak, en prenant à gauche à un feu à un croisement inattendu plutôt qu'en traversant le pont qui mène à Vanadzor) vous traversez le village de Gugark (899 habitants, Yeghaplu jusqu'en 1945, puis Meghrut en 1983) avec son église Saint Sargis du 19ième siècle, et vous rentrez ensuite dans les gorges pittoresques de la rivière Debed*.
Après le croisement vers l'ouest vers Karaberd (372 habitants), Pambak (395 habitants) possède les ruines d'un château. Vahagnadzor (1110 habitants, initialement Shagali) possède les ruines d'une forteresse Sisi. Un pont traverse la rivière pour atteindre Yeghegnut (1413 habitants, fondée en 1857, Ghamishkut jusqu'en 1935), avec le temple Saint Kiraki à 2-3 kilomètres au sud.
En continuant au nord après Yeghegnut, la route continue jusqu'à Debed (721 habitants, fondée en 1857, Khachigegh, jusqu'en 1935), Chkalov (972 habitants, tenant son nom du pilote soviet, Saghibagdi jusqu'en 1936) avec des khachkars du 13-15ième siècle, puis Dsegh que rejoint également une autre route orientée est-ouest.
Dsegh (825 habitants) était appelée Tumanyan entre 1938 et 1969, grâce à l'enfant du village l'écrivan Hovhannes Tumanyan (1869-1923) et possède la maison-musée Tumanian. On trouve une basilique dans le village, abritant 654 logements, un musée ethnographique et à proximité une église du 7ième siècle, construite par les Mamikonians. On trouve également, à flanc de montagne, au nord du village Bardzrakashi, Saint Grigori Vank* =75= (40 58.66n x 044 39.54e), monastère évocateur, à moitié détruit, envahi par la végétation, datant du 12-13ième siècle, surplombant la rencontre des rivières Debed et Marts.
Ce devrait être plus facile de monter directement depuis le fond de la vallée, là où les rivières se rencontrent, je n'ai pas testé ce chemin mais il semble prometteur. A l'ouest du village on trouve Karasun Mankots Vank datant du 12ième siècle. Dans les champs près de Dsegh se trouve le khachkar de la Sirent Khach ("Croix magnifique").
La construction de la voie ferrée
Un soir de 1898, peu de temps après l'ouverture de la ligne entre Tiflis et Kars, nous étions assis sur des troncs devant la maison de Maître Ohanes, dans un village du district de Lori, et nous discutions. Maître Ohanes nous racontait comment la construction de la voie ferrée avait commencé.
"Un jour, notre Simon et moi-même étions dehors, entrain de couper du bois dans le bas de la vallée près de la rivière." Commença-t-il par raconter.
"Soudainement, nous vîmes plusieurs hommes portant des bonnets blancs entrain de tracer leur route depuis la rive."
"Et bien, Simon." dis-je.
"Qu'est-ce que c'est ?"
"Il se trame quelque chose." dis-je.
"Pourquoi donc ? Ce sont juste des étrangers qui font leur chemin, ils se sont peut-être perdus."
"Non,"dis-je,"Il se trame quelque chose. Note mes mots."
"Quand nous sommes rentrés au village, nous avons remarqué un poteau blanc sur le toit de la grange de Tersan."
"Et bien, Simon !" dis-je.
"Qu'est-ce que c'est ?"
"Tu vois maintenant?" dis-je
"Voir quoi ?"
"Attends." dis-je "Tu vas voir."
Peu après , nous avons lu dans les journaux que le chemin de fer venait dans notre direction.
"Et bien, Simon !" dis-je.
"Qu'est-ce que c'est ?"
"Tu vois maintenant ?" dis-je. "J'avais raison n'est-ce pas ?"
"Bien sûr que vous aviez raison, hélas !" se plaint Osep le chasseur, interrompant l'histoire de Maître Ohannes.
"Pourquoi, maintenant, quel mal y a-t-il dans ce chemin de fer ?" demanda l'un des villageois.
"Des soucis et rien d'autre ! Pourquoi est-il venu siffler dans ces vallées et effrayer le cerf. On dirait qu'ils n'ont jamais existé." se plaint Osep.
"C'est plus que les cerfs," dit un berger appuyé à sa canne. "Quand je regarde dans la vallée, du haut des montagnes et que je les vois dynamiter les roches, mon coeur saigne comme si mes propres enfants étaient éventrés par l'ennemi et que je reste sans rien faire..."
"Il y aura plein de destruction, c'est vrai !" soupira quelqu'un en guise de d'approbation.
Un débat violent s'ensuivit sur les bienfaits et les problèmes liés à la voie ferrée. Durant la discussion un des ouvriers monta de la vallée et s'approcha.
"Bonsoir." dit-il.
"Bonsoir, Maître !"
"J'ai besoin de farine. Quelqu'un pourrait-il m'en vendre ?" demanda l'étranger en s'adressant à nous tous.
"D'où venez-vous ?" demanda Maître Ohanes.
"Je viens du pays des Ottomans."
"Maître Ohanes, demandez lui de quelle ville il vient." dit un villageois curieux.
"De quelle ville venez vous mon ami ?" demanda Maître Ohanes à nouveau.
"De Sivaz."
"De Sivaz !" Maître Ohanes répéta prudemment, s'attardant sur la dernière syllabe.
"Qu'a-t-il répondu, Maître Ohanes ?"
"Sivaz..."
"Que votre maison tienne bon à Sivaz !" crièrent quelques villageois en tapant dans leurs mains et en riant.
"A combien de mois de voyage se trouve-t-on de là-bas ?" Maître Ohanes continuait ses questions.
"Trois mois."
"Waoww !" sifflèrent tous de stupéfaction.
"Bienvenue, étranger ! Asseyez vous et faîtes nous l'honneur de manger avec nous !"
"Merci, sincèrement, mais je suis pressé. Si quelqu'un accepte de me vendre de la farine je m'en irai."
"Eh oh là dedans ! Amène un pot de farine," Maître Ohanes appela depuis le palier.
"Et remplit le à ras bord !"
Une des femmes apporta un pot de farine et vint pour le verser dans le sac de l'étranger mais il ne la laissa pas faire.
"Combien vous dois-je ?" demanda-t-il.
"Allez, remplissez d'abord votre sac !" ordonna Maître Ohanes.
"Non, dîtes moi d'abord le prix."
"Allez, remplissez et ensuite je vous dirai, si c'est trop élever, vous pourrez toujours en vider une partie."
L'étranger ouvrit son sac, et la femme vida la farine dedans et retourna dans la maison.
"Bien,..maintenant combien vous dois-je ?" demanda l'étranger sortant sa bourse de sa ceinture.
"Rien, étranger. Vous ne nous devez rien. C'est gratuit. Nous n'avons pas l'habitude de faire payer les étrangers pour la nourriture dans notre pays. Nous n'avons pas de telle coutume..." dit Maître Ohanes en tirant sur sa pipe.
L'étranger était embarrassé, il protesta faiblement puis partit.
Un court silence s'ensuivit et quelqu'un dit :
"Il y a quelques jours, l'un d'entre eux m'a demandé du yoghourt. Les femmes le lui en ont donné. Quand il l'eut mangé il se leva et demanda le prix. "Le prix de quoi ?" je lui ai demandé. "Du yoghourt", il dit. "Mon bon homme, assez avec ça," j'ai dit, "Arrêtez de parler de ça ou lait des brebis se tarira".
"Alors les gars, que faire à ce propos ? Doit-on les laisser venir, manger ou prendre de la nourriture, aussi longtemps qu'ils le voudront ? Combien d'entre eux sont venus ces derniers jours ? Il n'y pas si longtemps j'ai moi-même rempli un sac de farine. Combien de temps cela peut-il durer ?" demanda le jeune frère de Maître Ohanes.
"S'il revient donne lui un autre pot de farine..." dit Maître Ohanes levant doucement sa tête.
"Pourvu qu'ils soient toujours pleins dans nos maisons !" cria l'un des vieux hommes.
"Quelque soit la personne qui vienne, que ce soit avec le tonnerre, ou de Sivaz, ou peu importe, nous devrions leur donner de la nourriture gratuitement, comme si nous travaillions pour eux ! Je dis bienvenue ! Bienvenue à tous ! Mais si vous voulez de la nourriture, payez-la et alors prenez-la !" dit le jeune frère.
Et ils commencèrent à discuter. Maître Ohanes écoutait les arguments de tous et le bruit augmentait.
"Touuuut, touuuut !" siffla le train en bas.
Le chemin de fer venait de faire son entrée dans nos vallées.
Depuis la route principale, un virage à gauche conduit à Vahagni (393 habitants), avec l'église Saint Sargis et à proximité l’église Vahagni. Une route conduit alors à l'ouest à Antaramut et une autre au nord à Dzoragyush (75 habitants, anciennement Darakend), avec les restes d'un fort. Elle rejoint une route conduisant vers l'ouest après Hnevank à Kurtan et au delà (voir "Le long de Dzoraget", au-dessus). Juste avant Dzoraget (279 habitants, Kolageran jusqu'en 1978), se trouve le luxueux hôtel Tufenkian (http://www.tufenkian.am), un autre pont traverse la rivière Debed vers Dsegh et Marts (110 habitants), qui possède un khachkar datant de 1285, au-dessus du village. Cinq kilomètres au sud-est du village se trouve Igatak, avec Igatak Vank datant de 1255 côté sud-ouest. Une route tourne au nord-ouest vers Karinj (4557 habitants) puis Tumanian. Depuis Marts une route suit la rivière Marts pendant 12 kilomètres jusqu'à Lorut (482 habitants, auparavant Babajan), avec des tumuli datant de l'Age de Bronze, deux ponts médiévaux sur la rivière Lorut, une petite église Saint Sargis et un emplacement médiéval avec des kharchkars. Vers l'est le village suivant est Shamut (2893 habitants), il possède une église et un fort du 18ième siècle. Atan (343 habitants) et Ahnidzor (385 habitants) au bout de leurs vallées respectives furent fondées au milieu du 19ième siècle par des villageois qui avaient abandonné les terres d'Haghpat. Atan possède une église dans le village et au sud-ouest les ruines de constructions séculaires médiévales.
Juste au nord de la ville industrielle de Tumanian (1705 habitants), sur le côté ouest de la route principale menant à Alaverdi, presque invisible dans les arbres, se trouve le minuscule hameau de Kober, habité par 45 personnes. A peu près 80 mètres avant la petite gare une étroite route conduit discrètement sur le côté droit de la voie ferrée (ne passez pas sous le pont). Traversez les rails à pied, une floppée de marches vous emmène en serpentant pour monter le long de la gorge. La récompense pour cette énergique (et parfois boueuse) grimpette de dix minutes est l'un des plus beaux endroits d'Arménie, le monastère de Kobayr** =95= (41 00.30n x 044 38.10e). Le nom signifie grotte-grotte (Kob en géorgien et Ayr en arménien). Perchés sur une saillie dominant la gorge, une ancienne place sacrée d'où les sources suintent des pierres, les arbres et la vigne s'enlaçent de façon complexe autour des blocs de pierre du monastère. Il est difficile d'atteindre certaines grottes et des abris dans la roche entourant le territoire du cloître, la plus intéressante d'entre elles étant le sanctuaire de Sghnakh. L'église Katoghike à l'extrémité sud, en partie effondrée dans la gorge fut construite en 1171 par les deux princesses Kyurikian (voir Sanahin, plus loin), mais devint une propriété de la famille orthodoxe géorgienne Zakarian peu après. Shahnshah Zakarian est enterré là. La plupart des magnifiques gravures dans la pierre sont écrites en géorgien, tout comme les splendides (bien que restaurées) fresques dans les églises. Les plus impressionnantes fresques furent préservées dans l'abside et sur le mur le plus au nord de l'autel. La peinture de l'abside contient trois niveaux. Le niveau supérieur décrit la Vierge Marie avec les archanges, le niveau intermédiaire montre la scène de l'Eucharistie, alors que le bas représente tous les Saints. Sur les murs de l'autel les visages des prophètes sont peints, le mieux conservé étant le prophète Elijah au nord de l'autel. Les fresques des murs des bords de la chapelle possèdent le même schéma à trois niveaux, comme dans la grande église, mais au lieu de la sainte Marie, Diesus est peint. Le mausolée, portant des tours et la cloche au milieu du complexe fut construit en 1279 pour abriter les tombes de Mkhagryel et de sa femme Vaneni. Remarquez la petite source sacrée à l'intérieur. Sur votre gauche le bâtiment qui servait de réfectoire. Le complexe était encerclé d'une enceinte fortifiée de 4 à 5 mètres de haut dont il reste quelques bouts au nord nord-est. L'entrée principale était constituée d'une sorte de tunnel voûté ouvert avec des tours mi-cylindriques.
A peu près 1,5 kilomètres au Nord du hameau de Kober on peut faire une promenade fantastique de 45 minutes (commençant au GPS 41 02’01’’x 044 38’00’’, altitude 847m) juste au-dessus de la gorge sur votre gauche, se terminant par une très belle (et bien camouflée) partie basse du monastère Horomayri * =85=(41 02.07n. x 044 37.66e). Il y a deux bâtiments principaux attenants à la falaise formant un des quatre murs de la construction. Grottes, gravures, khachkars, vues fantastiques. Les restes du monastère sont constitués d’une petite construction de trois chambres proches de la falaise, sans aucune entrée que j’ai pu repérer, mais il serait possible d’y entrer, quelques mètres au nord de la partie basse, près du rocher.
Ouest de la gorge Debed - Odzun
(Section 8 ; Carte J)
Au sud d’Alaverdi, une route asphaltée conduit, à flanc de falaise, à un large plateau. En allant droit vers l’ouest, on arrive au village de Hagvi (0 habitant), avec les ruines d’une église du 12-13ième siècle. Le principal carrefour au sud mène à Odzun (1273 habitants), avec sa célèbre église* =80= (41 04.38n x 044 36 85e) à peu près 100 mètres à l’ouest du principal chemin.
Par son style, elle date de la première moitié du 7ième siècle, selon la tradition historique médiévale, l’église a été construite par Katholikos Yovhan d’Odzun (717-728) auquel Kirakos Gandzaketsi attribue l’anecdote suivante :
Yovhannes était un savant et saint homme, attirant physiquement et, plus particulièrement, spirituellement. Le Khalife Hisham (724-43) l’invita à la cour, et honora sa tenue élaborée. Yohannes avait saupoudré de la poudre d’or dans sa barbe avant de se rendre chez le Khalife. Voyant Yovhannes, Hisham fut étonné de sa fière allure et lui glissa doucement :
"On dit que votre Christ a été très humble et docile, et qu'il aimait beaucoup la pauvreté, l’ordre chrétien prétend que ses chefs honorent la pauvreté et la simplicité plus que le luxe et la richesse. Alors pourquoi vous êtes-vous ainsi embelli ? "
Le saint homme répondit :
"Vous ne possédez rien de plus que votre serviteur, accepté votre couronne et votre vêtement royal, c’est pour ces choses-là que le peuple vous craint et vous honore. Nos premiers Pères faisaient des miracles et enseignaient des disciplines fantastiques. Pour cette raison, ceux qui étaient avec eux les craignaient et leur obéissaient avec honneur. Mais, nous ne nous leur ressemblons pas ; voilà pourquoi nous mettons nos beaux habits pour qu’ils n’ignorent pas nos ordres."
Puis, il a montré sous son vêtement chic son haire. Et il ajouta :
"Voici mon habi."
Le Khalife, ravi, fit l’éloge de la religion chrétienne. Il dit au saint homme :
"Demandez-moi ce que vous voudrez, je vous l’offrirai."
Le patriarche répondit :
"Je vous demande trois choses, très faciles pour vous à réaliser. Premièrement, n’obligez pas les Chrétiens à renier leur religion, mais laissez à chacun ses croyances. Deuxièmement, ne faites pas de la liberté de l’Eglise une nouvelle source de taxation, ne prenez rien aux prêtres ni aux diacres. Troisièmement, où que ce soit dans votre royaume, laissez les Chrétiens suivre leurs rites sans peur. Mettez tout ceci par écrit et mon peuple tout entier vous servira."
Hisham ordonna d’écrire ce document comme demandé, posa un scellé avec sa bague et lui donna de nombreux cadeaux. Il forma des troupes spécialement pour le raccompagner en Arménie avec les grands honneurs. Quand Yovhannes rentra, il chassa tous les Grecs d’Arménie, aussi bien les contremaîtres que les soldats.
Les Grecs se sont enfuis si vite, qu’ils n’ont pas eu le temps de prendre leur trésor. Ils l’ont enterré, ils ont écrit la description de la cachette et ont emmené cette information avec eux. Le saint patriarche, plaça le pays sous tutelle Ishmaelite et convoqua une réunion à Manzkert (pour expulser les Chalcédoniens). Ainsi, dispensant dans le pays ses pensées vertueuses, il s’occupait lui-même de la doctrine et des prières. Yovhannes a aussi construit une grande église dans son village d’Odzun (qui est près de la ville de Lorhi) et il s’est installé dans un lieu près du village.
Un jour, alors que le saint homme priait, deux dragons terribles entrèrent dans son logement. Quand le diacre de Yovhannes les vit, il fut terrifié et demanda l’aide du saint homme. Yovhannes fit le signe de la croix devant eux et les deux dragons se transformèrent instantanément en pierres. Elles existent encore aujourd’hui. L’eau jaillit du ventre des dragons et c’est un antidote pour tous ceux qui s'adressent au Saint avec des prières afin de guérir des morsures de serpent.
Après avoir été évêque pendant onze ans et ayant connu une vie vertueuse, Yovhannes repose en paix près du Christ. (A noter : Odz signifie "serpent", et il existe vraisemblablement un lien entre la légende et le nom de la ville).
Près de l’église se trouve un monument funéraire inhabituel du 7ième siècle avec deux colonnes sculptées présentant des scènes bibliques et la christianisation de l’Arménie. A l’angle nord-est de la ville il y a une basilique en ruine du 7ième siècle "Tsiranavor". A environ deux kilomètres au sud du village on trouve une chapelle constituée de trois chambres en pierre noires et jaunes au bord de la falaise, qui est la partie supérieure du monastère Horomayri déjà mentionné plus haut. Du bord de la falaise à votre droite on peut voir, bien camouflés, les restes du complexe.
Sur la gauche (nord) il y a un endroit d’où on peut descendre le long de la falaise. Un peu plus loin d’Odzun, au sud, se trouve Aygehat (215 habitants renommée Danuchavan entre 1963 et 1992, en l’honneur du fils du village révolutionnaire et diplomate Danoush Shahverdian, qui a été attaché commercial en Turquie de 1924 à 1928, puis représentant de la Croix Rouge pour le relogement des réfugiés) d’où une route abîmée mène vers l’ouest à Ardvi (778 habitants). En haut de ce village, il y a une source sacrée avec un dragon légendaire et plus haut encore, se trouve le monastère modeste et avec un côté un peu B.D. de Saint Hovhannes qui aurait été fondé par Yovhan d’Odzun, avec une église du 17ième siècle. Le cimetière plus loin possède des khachkars intéressants.
Juste en haut d’Odzun un chemin mène vers l’ouest à Kachachkut (2020 habitants, autrefois Sedvi) qui a des ruines d’une forteresse et du monastère Saint Nshan datant du 13-14ième siècle.
Un peu plus loin au nord, dans Alaverdi, près du virage vers Sanahin, un autre chemin serpente vers l’ouest jusqu’à Akori (261 habitants), propriété du Comte Loris-Melikov au 19ième siècle, le général à succès fut pendant peu de temps Premier Ministre du Tsar Alexandre, il était un des rares Arméniens ayant appartenu à la noblesse russe. Au sud-est, dans la gorge se trouve l’église Saint Gévorg et dans les environs se trouve le lieu saint nommé Bgavor.
Sanahin et Haghpat
(Section 9 ; Carte J)
La ville d’Alaverdi (14835 habitants, « Allah a donné » en turc) doit son existence aux mines, riches en cuivre des environs. L’exploitation systématique commença dans les années 1780, avec des mineurs Grecs venus pour suppléer le travail des villageois locaux. Les mines profitaient à la famille noble Argutinskii-Dolgoruki, qui se disaient les descendants des princes Zakarian. Les membres de cette famille servant le Tsar comme officiers militaires ou archevêques arméniens, ont joué un rôle important dans l’annexion de la Transcaucasie.
Alaverdi a été la source d’un quart de tout le cuivre produit dans l’empire russe. Dans les années 1880 la concession a été vendue à une compagnie française, mais les mineurs qualifiés sont restés les Grecs. La décadence de l’économie soviétique a eu pour conséquence positive de contribuer efficacement à la diminution de la pollution avec la fermeture des usines.
Il y a trois chemins entre Alaverdi et le village de Sanahin.
1 - vous pouvez prendre le téléphérique depuis la poste centrale d’Alaverdi vers Sanahin,
2 - passer le pont des lions du 12ième siècle (près de la nouvelle église d’Alaverdi) puis emprunter le vieux sentier,
3 - vous pouvez prendre la route décrite ci-dessous.
Au sud de la ville un pont moderne traverse la rivière Debed et mène vers le haut au quartier de Sanahin, avec l’hôtel Debed, sans confort, juste passable, qui se trouve sur la place centrale. Devant l’hôtel la route mène tout droit, puis à droite jusqu’au complexe de Sanahin*, important et richement décoré =95= (41 05.22n.x 044 40 00e.). C’était un centre littéraire et éducationnel important du Moyen Age. Il a été le siège de l’archevêque, jusqu'au 19ième siècle. Dès la fondation du monastère en 966 par la Reine Khosrovanoush, femme du roi Ashot III Bagratoni, elle a fait construire l’église Aménaprkuch ("Tout sauveur") à côté de l’église Astvatsatsin du 10ième siècle (gauche/nord). La famille Kurikian, la branche essentielle des Bagratounis d’Ani, régnait sur la région Tashir-Dzoraget depuis leur forteresse de Lori Berd, qui était quasi-indépendante du 10ième siècle jusqu’à 1113, quand la rupture des relations avec les envahisseurs Seljuk-Turks les a obligés à émigrer vers l’est dans la région de Tavoush.
Entre les deux églises on trouve une galerie, appelée Académie de Grigor Magistros, considérée comme une école. On vous montrera l’endroit où le célèbre chanteur multilinguiste caucasien lyrique du 18ième siècle Sayat-Nova se serait assis. Le gavit (narthex) de Saint Artsvadatsin a été construit par le prince Vache Vachutian (venant du sud), en 1211, celui d’Aménaprkich a été construit en 1181 grâce à la contribution de la famille Kurikian. La clocher, construit entre 1211 et l’invasion mongole de 1236, est considéré comme le plus ancien d’Arménie. A l’extérieur sur le mur est d’Aménaprkiche il y a une sculpture présentant le Prince Gurgen, premier des Kurikian et son frére Smbat Bagratouni, les fils de la fondatrice, qui tiennent une maquette de l’église.
Au nord-est de Saint Astvatsatsin se trouve le dépôt des reliques ou la bibliothèque, construit en 1063, par la Reine Hranoush. Il est en général fermé et ce n’est pas évident de trouver le gardien de la clef. Contre la bibliothèque, c’est l’église Saint Grigor. Le cimetière d’à côté rassemble beaucoup de tombeaux intéressants, y compris le mausolée de la famille Zakarian et les tombeaux de 19ième siècle de quelques princes Argutian, les descendants des Zakarians.
Le grand amirspasalar géorgio-arménien Zakare (mort en 1212) serait enterré dans l’église principale, selon Kirakos Gandzaketsi. Après beaucoup d’exploits et de victoires accomplis par les grands princes Zakare et Ivane, ils se rendirent à la ville de Marand, ils la prirent et détruisirent les quartiers alentour. Ensuite, ils sont allés vers Ardabil (Artawil) et ont pris celle-ci aussi. Beaucoup d’habitants accompagnés de leurs prêtres (appelés mughri) ont trouvé refuge dans les maisons des prieurs. Zakare a ordonné que l’on apporte de l’herbe et des branches. Il a mis de l’huile et de la naphte sur l’herbe et a mis feu jusqu’à ce que les mosquées soient entourées de flammes il a brûlé vifs les Musulmans en disant ;
"Voici la réponse des Princes et des nobles après l’immolation des Princes arméniens par les Tadjiks dans les églises de Nakhchavan, supportez notre vengeance, lecteur du Coran, pour les prêtres de Baguan qui ont été assassinés, et dont le sang a été répandu sur les portes de l’église -un endroit maudit jusqu’ à aujourd’hui."
Et Zakare est revenu dans son royaume. Chemin faisant il est tombé malade, des plaies incurables apparurent sur ses membres. Lorsqu’une plaie cicatrisait, une autre apparaissait. Il mourut en quelques jours dans d’atroces souffrances. Tous les Chrétiens pleuraient sa mort. Ils ont pris son corps et l’ont enterré à Sanahin, dans la grande église près de l’autel, à droite. Le roi de Géorgie a également regretté sa disparition.
Sanahin est le village natal d’Artashes Mikoyan, connu dans l’histoire comme Anastas Mikoyan (1895-1978). Son père était talentueux, malgré son statut de charpentier illettré dans les mines. D’après les mémoires de Mikoyan, le village de Sanahin possédait seulement deux personnes lettrées, le prêtre et le moine du monastère. Le village était pauvre, étant la propriété de la famille Argutinskii. Mikoyan a fait ses études au séminaire de Tbilissi avec l’aide de l’évêque arménien, il a ensuite fait son service militaire avec Stépan Shahumian qu’il admirait beaucoup et qui était le seul survivant des Commissaires de Baku, son nom, par chance, ne figurait pas sur la liste des personnes à exécuter. A la différence des autres Bolsheviks de sa génération Anastase a survécu à toutes les purges et les changements de leaders jusqu’à devenir le président du Conseil Général Soviétique il a été sûrement l’Arménien qui a le mieux réussi dans le Moscou des Soviets. Son frère Artyom (1905-1970) a été le célèbre ingénieur aéronautique, créateur des séries d’avion de chasse MIG. Le troisième frère a été tué pendant la deuxième guerre mondiale. Le maison-musée des frères Mikoyan se trouve juste en dessous du monastère.
Au delà de Sanahin la route continue au nord vers Akner, d’où il est possible d’arriver à Kayan Berd, une forteresse noire et isolé, construite en 1233. Kirakos Gandzasketsi rapporte :
" Yovhannes, le fils de la soeur des Princes Zakare et Ivane, et le fils du frère de Yovhannes était l’évêque de Haghpat. Celui-ci a construit une forteresse aux murs robustes entre Haghpat et Sanahin. A cause de cette forteresse une discorde s’est créée entre les deux monastères car elle était sur les terres appartenant à Sanahin. Le prince Shahnshah, fils de Zakare, a vengé Sanahin puisque son père y était enterré il le considérait comme leur propriété, car Haghpat à ce moment-là était sous l’autorité du Roi géorgien. Aussitôt que l’évêque Yovhannes mourut, on démolit les murs de la forteresse sur l’ordre des Tatars."
La forteresse, qui se dresse sur une colline au-dessus de Debed entre Sanahin et Haghpat, conserve encore la petite église Sainte-Mère-de-Dieu de Dsevank. Dans le village il y a un cimetière de l’Age de Fer. Il faut tenir en compte qu’il y a un autre Kayan Berd à l’ouest d’Ijevan, dans la région de Tavouch.
En rebroussant chemin à pied à travers la rivière Debed, prenez la route principale au nord en traversant le pont de Sanahin, construit en 1192. Le pont est décoré des gros lions en pierre d’une manière élégante. Environ un kilomètre après avoir retraversé du côté est de la rivière Debed en sortant d’Alaverdi, un ensemble de grands bâtiments modernes, le terminus d'une société de transport (?) indique l’embranchement vers Haghpat et Tsaghkachat (956 habitants, appelée Khatchidur jusqu'en 1935). Prenez là gauche la route qui serpente jusqu'à Haghpat (106 habitants), un des plus beaux monastères** =100= (40 54.81n x 045 06.30e) d’Arménie perché sur le bord de la gorge. Ce monastère fortifié a été fondé, comme Sanahin, par la reine Khosrovanouch autour de 976. Il se compose de l’église principale Saint Signe dont la construction a été terminée en 991 par Smbat Bagratouni et son frère Gourguen, et il a servi de centre religieux pour les Kurikides. Le narthex a été construit en 1185 avec l’inscription suivante sur la façade nord :
« En 634/AD 1185, moi, Mariam, fille du rois Kurike, j’ai construit avec un grand espoir cette maison de prière au-dessus de nos tombeaux – ceux de ma tante paternelle Rousoudan, ma mère Tamara et de moi-même, Mariam sous l’autorité de l’archevêque supérieur Ter Barsegh, qui a fini la construction. Vous qui entrez par sa porte et vous prosternez devant la croix, dans vos prières, souvenez-vous de nous et de nos ancêtres royaux qui reposent à l’entrée de la cathédrale sacrée, dans Jésus-Christ ».
Une plus petite église, St. Grégoire, fut construite en 1025 et reconstruite en 1211. Il y a un grand narthex séparé, de l’abbaye Hamazasp, construite en 1257, un grand clocher merveilleux datant de 1245, et une bibliothèque construite en 1262. Il y a un réfectoire entouré de murs défensifs et quelques autres chapelles et mausolées pittoresques. Au Moyen Age, Haghpat était un grand centre littéraire. Il contrôlait les revenus et les habitants de nombreux villages et de terres qui furent peu à peu spoliés par l’Etat russe et les influents princes/bureaucrates arméniens pendant le 19ième siècle.
A la fin du 18ième siècle l’archevêque de Haghpat a endossé la responsabilité pour le clergé et les revenus de l’église de tous les Arméniens de Géorgie. Cette communauté s’est agrandie rapidement avec l’expansion russe dans le Caucase particulièrement les réfugiés qui ont suivi les Russes pendant la retraite du Karabakh (en ?) et d’Erevan en 1804. Le gouverneur russe, Tsitsianov, un prince géorgien impérieux et quelque peu anti-arménien, a unilatéralement transféré cette autorité à l’archevêque arménien de Tbilissi en 1805. Etant un ecclésiastique prorusse, c’était plus facile de le surveiller. L’archevêque de Haghpat, Sargis Hasan-Jalalyan, un membre de la famille ancienne des meliks du Karabakh et le frère de feu Katholicos d’Aghvank, protesta en vain en disant que son frère avait été assassiné, et lui-même, il avait été emprisonné par le Khan du Karabakh à la suite de sa correspondance amicale avec les Russes. L’archevêque Sargis est enfin revenu au Karabakh et devint le dernier Katholicos d’Aghvank en 1810. Ce Katholicosat, fondé (d’après ce qu’on dit) par le grand fils de Saint Grégoire l'Illuminateur, maîtrisait les affaires religieuses des Albanais du Caucase, la population auparavant turque habitant sur la terre, qui est aujourd’hui l’Azerbaïdjan.
Pendant le Moyen Age, l'emprise géographique d'Aghpat a diminué et il s’est assimilé à l’église arménienne. Au 18ième siècle il était la propriété exclusive de la famille Hasan-Jalalyan et fonctionnait séparément des monastères de Gandzasar et Amaras au Karabakh. L’Empire russe a aboli le Katholicosat d’Aghvank en 1815.
Neghuts (536 habitants, autrefois appelé Gomahand) possède des khatchkars, et dans le cimetière il y a des gravures de 3ième siècle ou 2ième millénaire avant J.C. .
En traversant le Debed par le pont on arrive à la zone industrielle d’Akhtala (14322 habitants). D’ici on prend vers le nord, puis on tourne à l’ouest et on arrive au monastère* et à la forteresse de 13ième siècle d'Akhtala =95= (41 09.13n x 044 45.83e) avec l’église de l’Apôtre ou autrement appelée, l’église de Saint Guévorg et, à l'intérieur, une forteresse du 10ième siècle et deux autres églises à l’ouest. Il y a aussi une fontaine du 13ième siècle. La forteresse est entourée de profonds canyons des trois côtés, alors que la partie nord rejoint la plaine. En plus des fortifications qui prolongent les parois des trois murs de canyons, la forteresse est aussi protégée d’hautes portes pyramidales. L’entrée principale donne sur le côté nord qui a un vestibule spacieux au toit voûté et avec un tour pyramidale de trois étages. La forteresse a été construite au 10ième siècle par la branche Kurikide de la dynastie de Bagratides. Un des coins défensifs exceptionnels de l’Arménie médiévale, ainsi que Lori, Kayan, Kaytson, Gag et d’autres forteresses, Akhtala a joué un grand rôle en protégeant les régions du nord et la route principale menant de l’Arménie à la Géorgie. L’église de la Sainte Vierge est connue pour ses fresques artistiques et superbes, dont les murs intérieurs, les cloisons et les fondations sont couverts. Elles sont caractéristiques par leur iconographie parfaite, la richesse des thèmes, et la variété des couleurs où le bleu domine. La Vierge sur un trône, La Communion Sacrée, les fresques de Hovhannes Karapet sont particulièrement exceptionnelles, ainsi que des images de Saints à moitié ou entièrement représentés sur les piliers et les murs. Trouvez un villageois pour vous aider à ouvrir la porte si personne n’est là.
A côté, au nord-ouest de l’église de la Sainte Vierge il y a une église voûtée possédant une nef, dont l’abside semi-circulaire dépasse des bords du mur oriental. La seule entrée est du côté occidental, entourée d’une tranchée. Il y avait un vestibule d’un toit de pignon qui n’a pas survécu. Parallèle au nord de l’église de la Sainte Vierge, le bâtiment des moines, à deux étages, se dressait, seuls les murs sont préservés. C’était une salle spacieuse avec un toit en bois pour laquelle le mur extérieur de la forteresse servait également de mur oriental. Le mur du nord est semi-circulaire et possède une entrée qui mène à un tunnel souterrain. Au-delà du territoire du temple jusqu'au village d’Akhtala on trouve beaucoup d’églises, de chapelles et de constructions défensives encore debout ou détruites (10-13ième siècle). Parmi eux, La Sainte Trinité (se composant de deux églises liées, d’une chapelle, d'un vestibule extérieur et de constructions souterraines), l’église Saint George, une paire d’églises au coin occidental du temple, une chapelle de Barsegh, etc.
Tout ceci témoigne de l’histoire riche du Moyen Age de Pghndzahank-Ahkhtla. L’entrée principale et les piliers du monastère du complexe ont été réparés. Le clocher en bois délabré, construit au 14ième siècle a été enlevé de la cour. En 1975-1978 les hautes parties des murs de l’église ont été réparées, l’étain du toit a été remplacé par des dalles de basalte. Près du village il y avait un grand cimetière de l'Age de Fer primaire. En 1763 le roi Herakli II a amené des mineurs grecs pour exploiter les gisements de minerais proches. Il y a une église grecque à Akhtala plus haut.
La route à l’ouest d’Akhtala mène à la ville de Shamlugh (13592 habitants), une ville minière de cuivre dont les ressources ont été exploitées depuis les temps anciens (un cimetière datant de l'Age de Bronze, début de l'Age de Fer, un khatchkar du 13ième siècle).
D’Akhtala une autre route part au nord, sur le côté ouest de la rivière Debed, pour arriver à Mets Ayrum (1948 habitants) avec son temple de Nahatak (martyr) de 1612, 4-5 kilomètres au nord-ouest. Chochkan (477 habitants), le village voisin au nord-est, a été la propriété de la famille de Loris-Melikov. Le village a une église construite par la mère du comte. Chportavank aussi, datant de 17ième siècle, se trouve ici. A l’ouest du village il y a une falaise appelée La Pierre de Timourlenk. Le dernier village avant d’entrer dans la région de Tavouch et en Géorgie, est Karkop (200 habitants) fondé en 1936.
Sur la rive orientale du Debed se trouve Shnogh (234 habitants) qui possède sur son territoire des traces de sites d’exploitation de métaux datant des temps anciens. Dans le village il y a un musée ethnographique. Sur un site triangulaire au-dessus du Debed se dresse le château de Kaytson, probablement fondé au 9ième siècle sur les restes d’un fort cyclopéen. Il y a une église en ruine possédant une nef latérale, appelée Saint Guévorg datant de 1893, le temple Térounakan de 1222 à l’est du fort. De Shnogh une route mène 4 kilomètres au sud à Teghut (1201 habitants) qui abrite un ermitage de Manastéfi du 13ième siècle. Il y a aussi des églises de 10-17ième siècle et un monument à Vardan Zoravar du 13-14ième siècle.
Se trouvant dans un endroit inaccessible du nord de l’Arménie, et d’après la carte, joignable seulement depuis la ville géorgienne Opréti, le village de Jiliza (1374 habitants) possède sur son territoire un fort et un temple en ruine datant du 13ième siècle.
Dans une forêt profonde à 1300 mètres d'altitude, sur les versants occidentaux du mont Lalvar se trouve le monastère de Khorakert* =90= (41 12.53n x 044 36.00e) unique par le style de son architecture. L’église au dôme du 11ième ou 12ième siècle a un tambour de colonnes à douze facettes. Le narthex a été construit en 1252 aux temps du Roi David de Géorgie par le fils de Hovhannes Varnetsi, Stépanos. Il y a également les ruines d'un mur de fortification, un réfectoire et au sud de deux petits temples (près du mur, parmi les arbres) les restes d’un passage couvert menant à la gorge. Le monastère a été restauré en 1661 et 1710 mais il était déjà en ruine au début de ce siècle.
La forme artistique et structurale de la coupole est unique non seulement en Arménie mais dans l’architecture mondiale. Le tambour de la coupole a une forme décaèdre, très rare en Arménie, qui attire une attention spéciale. Les facettes sont faites non par des murs ordinaires mais sont composées de colonnes hexaèdres dans la moitié plus basse, trois pour chaque facette. Des capitaux et bases identiques ayant des grains et des plaques hexaèdres sont originaux. Enjambés par des conques trefiol et quatrefiol les espaces entre les colonnes servent de puits de lumière. Ce traitement du tambour extrêmement hardi n’existe dans aucun autre monument. La coupole du monastère de Khorakert est un lien intermédiaire entre la coupole ordinaire et la rotonde de colonnes multiples appliqué aux clochers. De l’intérieur, la coupole est très originale. Les bases architecturales de son hémisphère se composent de trois paires d’arches croissantes qui forment une étoile à six branches. La partie centrale hexagonale est décorée d'ornements de forme stalactite, différents dans leurs contours, leurs dimensions et leurs hauteurs comme s'ils formaient un autre hémisphère plus gracieux et plus riche dans son ornementation. C’est le seul motif pareil parmi les bâtiments de l’église. L’oratoire attaché au monastère en 1257 est un exemple rare de bâtiment rectangulaire dans le plan et dont la coupole à un système d'arches croissantes enjambant le vestibule entièrement.
A l’ouest de Spitak
(Section 10 ; Carte I)
Une grande route orientée est-ouest et une voie ferrée en bon état mènent de Spitak à Gyumri en suivant la rivière Pambak. Au nord du chemin se trouvent Shenavan (213 habitants, appelé Kiziloran, azéri jusqu'en 1946) qui a une grotte et une basilique tout près, possédant une nef latérale et datant du 6-7ième siècle ; Sarahart (412 habitants, Gyulijah jusqu'en 1950) où il y a deux églises et des hameaux en ruine situés six kilomètres plus au nord ; Gogaran (1798 habitants, Gyogartchin ou Gyoran jusqu'en 1946) qui possède des ruines d’une église du 17ième siècle et le fort de Sangyot tout près. Au-dessus des ruines d’une église du 17ième siècle, d’après Land and Culture Organisation, les fondations d’une église du 5ième siècle ont été trouvées, elle a été complètement reconstruite dans les années 1990 par un groupe de villageois et de volontaires de la diaspora. L’église a été rouverte en 1996. Les villageois peuvent vous indiquer le chemin d’une grande et belle chute d’eau qui est à quelques heures de marche du village. Avant d’arriver à Geghasar (4739 habitants, Tapalin jusqu'en 1978) on passe des habitations anciennes dans des grottes près de la route (ayant 5000 ans d’après Patrick). Dans le village il y a une église appelée Saint Sargis qui date du 19ième siècle. Le temple d’Astvatsatsin est à deux kilomètres de distance. Le 25 août 1807, les nomades de Karapapakh qui y habitaient, ont fondu sur les colons arméniens et en ont décapité quelques uns, d’après un rapport écrit au général Goudovitch. Shirakamut (131 habitants, Nalband jusqu'en 1978) était l’épicentre du tremblement de terre de 1988, durant lequel 313 personnes furent tuées. Tchitchkhanavank, datant de 7ième siècle situé au nord du village, est maintenant un tas de pierre. Des tombeaux de 3ième siècle millénaire avant J.C. ont été explorés tout près. Les autres villages, qui s’étendent de l’est à l’ouest sont Katnajur (212 habitants, Gharal jusqu'en 1946) ; Mets Parni (66 habitants, en 1807 un site du poste militaire russe appelé Békant, puis Beykend et puis Parni Guegh) qui possède l’église de Saint Sargis du 19ième siècle, Tsaghkaber (1689 habitants, Advibek jusqu’en 1939), Saralanj (495 habitants, Gyogoghush jusqu'en 19460 ; Hartagyugh (258 habitants, Ghaltakhji jusqu’en 1940) avec une église du 19ième siècle et à un kilomètre au sud le temple de Saint Hovhannes et un site de pèlerinage ; Lusaghbyur (1216 habitants, jusqu'en 1946 Aghboulagh, église en ruine), Khnkoyan (270 habitants, Gharaboya jusqu'en 19460, le lieu de naissance de Khnko Aper, un écrivain pour les enfants), site de sa maison-musée. Puis le chemin descend vers la région de Shirak.
Les Princes Zakarian, Zakare et Ivane
d'après Brady Kiesling
Un grand nombre de monastères arméniens ont été construits et reconstruits sous les auspices des deux frères, les généraux et protecteurs de la reine Tamara de Géorgie, Zakare l’Amirspasalar ("Commandant en chef" en traduction de la langue arabe/persane) et Ivane l’Atabek ("Le professeur du prince" en turc). Les origines de la famille sont obscures : kurdes par un récit médiéval, seigneurs arméniens de moyenne envergure pour l’autre, mais leurs succès comme généraux étaient incontestables. Dans une série de campagnes, entre 1190 et 1220, ils ont libéré la Géorgie et la plupart de l’Arménie historique des Turcs-Seljuk et ont rétabli le contrôle chrétien sur la région. Zakare était Grégorien Arménien par sa religion et son frère Ivane Grégorien Orthodoxe. Ils étaient pieux et ils ont enregistré leurs nombreux bienfaits dans les inscriptions gravées sur les pierres. Le "presque-toujours–victorieux" Ivane fut finalement vaincu près de Garni par Jalal ad Din Mingburnu, qui était le dernier Khwarezm-Shah en 1224 et il mourut peu après. Le Khwarezm-Chah, lui-même, échappait à des forces armées hors de son contrôle.
Quand le Mongols arrivèrent en 1236, le fils et héritier de Zakaré : Shahenshah ("Le roi des rois" en persan, un très bon exemple d’usage commun arménien des titres comme noms propres) et le fils d’Ivane, Avag ("L’aîné") signèrent un compromis fragile et peu satisfaisant avec les souverains du nouveau monde, mais eux et leurs descendants gardèrent des possessions considérables jusqu'à l’attaque de Timour et de ses hordes.
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